France Relance : le pari gagnant de la transition écologique dans les territoires

Le 4 janvier 2021, le Premier ministre m’a chargé d’une mission sur le rebond économique territorial. Pendant six mois, j’ai sillonné la France et plus particulièrement les territoires doublement fragilisés par l’impact de la crise et les difficultés économiques préexistantes. Avec la petite équipe placée à mes côtés, je me suis déplacé dans les treize régions métropolitaines pour rencontrer six cents interlocuteurs issus de quinze départements et d’une cinquantaine de communes. J’ai pu constater l’impact très concret et très visible de France Relance sur la transition écologique dans les territoires. J’ai pu mesurer que loin des discours réducteurs qui opposent transition et développement économique, la décarbonation peut être un tremplin pour des bassins sinistrés.

De nombreux déplacements dans toute la France

De passage à Toulouse les 8 et 9 avril 2021, nous avons rencontré les dirigeants d’AKKA, grande entreprise d’ingénierie automobile et aéronautique, très durement touchée par la crise, comme j’avais déjà pu le constater dans les Yvelines, où elle est également implantée. Dès le mois d’octobre 2020, la direction avait annoncé un plan de sauvegarde de l’emploi entraînant la suppression de 1150 postes, un séisme pour une entreprise qui n’avait jamais connu la crise. Grâce à l’implication de tous, l’ampleur de ces suppressions a pu être réduite mais l’inquiétude demeurait. Nous sommes ensuite partis pour Cugneaux, à la rencontre des dirigeants d’Aura Aéro, une jeune entreprise en forte croissance fondée en 2018 par des ingénieurs d’Airbus pour concevoir et fabriquer des avions neutres en carbone et silencieux. Malgré la crise du secteur, l’effectif avait grandi pour atteindre 80 salariés, grâce notamment au soutien de France Relance et du fonds de modernisation automobile et aéronautique. Lors de nos échanges, l’équipe nous a dit travailler à une solution gagnant-gagnant consistant à intégrer temporairement des ingénieurs d’AKKA chez Aura Aéro, le temps que se dissipent les difficultés du groupe d’ingénierie. Un bel exemple de solidarité facilitée par l’accélération de la transition écologique.

Lors de notre déplacement en Normandie le 23 avril 2021, nous avons choisi de nous rendre au Havre, où les taux de chômage et de pauvreté sont particulièrement élevés, et où l’activité de l’industrie aéronautique a été particulièrement affectée, chez Safran Nacelles notamment. Sur le port, nous nous sommes trouvés face à la centrale à charbon du Havre, qui avait fermé définitivement ses portes trois semaines plus tôt, après 53 ans d’activité, conformément aux engagements du Président de la République. Avec un impact sur l’emploi puisque sur les 160 salariés de la centrale, plusieurs dizaines attendaient leur reclassement. De l’autre côté de la route du Môle Centrale, quelques dizaines de mètres plus loin, se déploie le chantier pharaonique de Siemens Gamesa, qui sera une fois achevé le plus grand site industriel de l’histoire des énergies renouvelables en France. A terme, 750 personnes y seront employées pour assembler les gigantesques éoliennes offshore. Le premier confinement a provoqué l’arrêt du chantier. Mais la subvention de 800 000 euros du Fonds de soutien à l’investissement industriel dans les territoires a permis de couvrir en partie les frais supplémentaires causés par le retard pris sur le chantier. La mise en service de l’usine, prévue pour 2022, symbolisera la renaissance industrielle de ce territoire frappé de plein fouet par la désindustrialisation.

Début mai, en préparant notre déplacement dans la région des Hauts-de-France, nous avons retenu la région de Béthune, meurtrie par la fermeture de Bridgestone. Après 60 ans d’existence, la légendaire usine de pneumatique venait de cesser son activité. Sur les 863 salariés, un tiers avaient été reclassés grâce à la très forte mobilisation du gouvernement, des élus locaux, des industriels et de tous les acteurs du territoire. Les bâtiments devaient être repris par Logs, un géant de la logistique, dont l’un des dirigeants nous a néanmoins signalé que la fiscalité des bâtiments repris reste, encore aujourd’hui, moins favorable que celle des nouvelles constructions. A quelques kilomètres de là, nous nous sommes rendus sur le site de la future Gigafactory de batteries à Billy-Berclau, une usine de production de cellules et modules de batteries pour les véhicules électriques qui devrait créer 2000 emplois à l’horizon 2030. De quoi donner au territoire une perspective de rebond durable. Juste à côté, nous visitons l’usine de Groupe Atlantic, leader européen du confort thermique. Créée en 1968 par deux ingénieurs, cette entreprise compte aujourd’hui 10000 collaborateurs répartis sur 28 sites industriels. En nous guidant à travers les ateliers d’assemblage des pompes à chaleur et des chaudières, le directeur du site nous confie que le dispositif MaPrimeRénov’ a permis à l’entreprise de maintenir un niveau d’activité satisfaisant pendant la crise, ce qui l’a conduit à proposer jusqu’à 50 postes aux ex-Bridgestone. Un bel exemple de la façon de combiner rénovation thermique des bâtiments et reclassement de salariés dans une région pourtant durement éprouvée.

En résumé, France Relance aura permis, partout en France, d’accélérer la mutation des entreprises et des territoires, en même temps que le rebond économique. Ces quelques exemples doivent nous inspirer pour l’avenir, et nous inciter à aller plus loin encore pour relever le défi climatique.

https://www.jeannoelbarrot.fr/rapport-barrot

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